Rendez-vous avec Marion Lotout, perchiste olympique

Pour ce « Rendez-vous du mois » de Juin, nous avons rencontré Marion Lotout, Championne de France 2013 et 2014 de saut à la perche.

marion-lotout

–       Bonjour Marion, merci d’avoir accepté de répondre à cette interview. Peux-tu te présenter ?

Je suis Marion Lotout et ma discipline est le saut à la perche. Je pratique l’athlétisme depuis 12 ans. J’ai pratiqué toutes les disciplines avant de me spécialiser sur le saut à la perche en cadette (16 ans environ). J’ai ainsi obtenu ma première sélection en équipe de France aux Championnats du Monde Junior. Je me suis alors donné les moyens de m’entrainer plus professionnellement. J’ai par la suite obtenu les premières sélections seniors pour ensuite me qualifier aux JO 2012 et aux championnats du monde en 2013.

–       Quels sont les objectifs que tu t’es fixée ?

Mes objectifs sont de continuer à progresser. Si on m’avait dit quand j’ai commencé l’athlétisme que j’irais jusque là je ne l’aurais pas cru alors je repousse chaque année mes limites et continue de grappiller des centimètres. En championnats l’important, c’est la place donc continuer à progresser pour me placer de mieux en mieux.

–       Tu es actuellement sous contrat avec Nike. Peux-tu nous dire comment cela a commencé entre vous ?

Les contrats sont toujours durs à obtenir. Il faut prouver notre valeur de nombreuses fois avant de réellement obtenir un contrat. Personnellement cela s’est fait naturellement après ma saison en 2011 où j’ai réalisé les minimas pour les JO avec 4,50m. J’ai obtenu un contrat équipementier ensuite.

     Nike a-t-il été ta première offre de partenariat ? As-tu eu d’autres propositions ? Les résultats sont-ils la principale préoccupation des sponsors ?

Je n’ai pas eu d’autres propositions mais j’ai reçu de nombreux équipements sans être vraiment au courant auparavant. Les résultats qui ont suivi m’ont permis de faire perdurer ce contrat.

–       Pour combien de temps ce contrat a-t-il été signé et peux tu nous dire quelles sont ses clauses de maintient ?

La durée et les clauses du contrat sont confidentielles. Mais du point de vue du revenu, je suis loin de gagner beaucoup (sourire). Mais grâce à mon palmarès, j’arrive maintenant lors de certaines compétitions à obtenir des primes d’engagement.

–       On sait qu’aujourd’hui il est de plus en plus difficile de trouver des contrats de sponsoring ; certains athlètes du « gratin » de l’athlétisme français ont perdu leur sponsor alors qu’ils faisaient toujours partie des meilleurs mondiaux. Connais-tu les raisons de la rupture des contrats ?

On parle de crise financière partout dans le monde sportif et extra sportif. Ce qui intéresse les marques, c’est la visibilité et l’image que tu leur apportes. Le sprint est très visible par rapport aux lancers, de même que le football l’est davantage que l’athlétisme. Plus il y a de visibilité, plus les sponsors investissent, notamment lorsque l’on parle de télévision !

–       La différence homme femme est-elle un facteur important avec les sponsors ?

Cette différence ne m’a jamais choqué.

–       Aujourd’hui tu as changé de groupe et tu t’entraines actuellement avec le champion Olympique et recordman du monde du saut à la perche Renaud Lavillenie (6m16) qui est également sponsorisé par NIKE, on peut donc imaginer que votre relation avec l’équipementier est différente ?

Avec Renaud cela n’a rien changé pour moi. De faire partie de son groupe c’est forcément une visibilité encore plus importante mais cela n’influe pas sur mon contrat.

–       Quelles sont selon toi les nouvelles attentes des sponsors ? Quand on voit le show de certains athlètes sur la piste, on peut se dire que l’image du sportif est un facteur grandissant pour trouver un sponsor ?

Chaque marque a sa vision du sport, tout comme l’athlète. Il doit rester lui même, qu’il soit avec une marque ou avec une autre. On est là pour être performant, pas pour faire le show. Cependant le charisme de l’athlète peut jouer en sa faveur si il attire l’attention de la bonne manière.

–       Avec l’ensemble des membres de ton groupe qui a un niveau national ou international, avez-vous la même vision dans la gestion de votre avenir ?

Chacun voit son avenir différemment. Certains ont validé leurs études et trouveront un travail ensuite. D’autres sont étudiants. D’autres n’ont pas fait d’études approfondies. Pour moi c’était nécessaire d’avoir quelque chose lorsque j’arrêterai ma carrière. Une sécurité qui pour ma part est primordiale. Je suis sûre d’avoir un travail lorsque je déciderai d’arrêter, et cela me permet d’être à fond dans mon sport avec l’esprit libre. J’ai un diplôme de pédicure/podologue que j’ai passé en 3 ans à l’EFOM. Je n’avais aucun cours à l’INSEP et j’avais une heure de transport pour y aller. C’était aménagé mais je faisais tous les cours pratiques et je récupérais la théorie sur des copines.

–       Tu as créé ton compte officiel sur Facebook afin que les internautes intéressés puissent te suivre. Fais-tu aussi cela dans un but de médiatisation, ce qui pourrait être une aide pour ton avenir ou juste car cela est un phénomène grandissant chez les sportifs ?

J’ai crée ma page Facebook après les championnats du monde à Moscou car j’avais de plus en plus de demandes de gens que je ne connais pas ou très peu. J’ai donc créé une page à la demande de toutes ces personnes qui me demandaient régulièrement où étaient mes compétitions, mes stages… J’ai remédié à ce problème en créant ce compte spécial athlé. Cela me permet aussi de mettre en avant mes sponsors ce qui est très intéressant.

–       Le rituel pour toute interview du rendez-vous sportif : quel est le rendez-vous sportif qui t’a le plus marqué ?

Le rendez-vous sportif que j’ai préféré sont les Jeux Olympiques à Londres. C’est tellement spécial. C’est aussi le plus gros échec de ma carrière en terme de performance mais on ne ressort que grandit de cette expérience !

Merci à Marion pour le temps qu’elle nous a accordé. Nous lui souhaitons la plus grande réussite pour cette saison 2014 et celles à venir.