Le Rendez-Vous Sportif était présent au CNOSF ce mardi 25 novembre 2014 pour assister à une conférence régionale du sport d’Ile de France. L’atelier du jour avait pour thème : « Ambition Olympique et Paralympique ». Des décideurs et des influenceurs ont pris la parole.
Les JO comme un investissement à long terme
Bernard Lapasset, en tant que président du Comité Français du Sport International, a ouvert les débats sur la possible organisation des Jeux Olympiques en France en 2024. En étroite collaboration avec le Comité National Olympique et Sportif Français depuis 2012, il a pour mission de clarifier les rôles et responsabilités du mouvement sportif et de l’Etat sur la scène sportive internationale. Une mission à l’initiative de François Hollande et de Valérie Fourneyron (à l’époque ministre des sports).
Bernard Lapasset, président de l’IRB et du CFSI ouvre les débats #CNOSF #ambitionolympique pic.twitter.com/yToDSNZHTJ — Jean-Pierre SIUTAT (@jpsiutat) 25 Novembre 2014
Selon lui, une candidature olympique est une « candidature d’opportunités ». Les sportifs français ont des résultats sur le plan mondial, la France organise de plus en plus d’événements d’envergure internationale, alors il faut « unifier le monde sportif avec la société civile ». Des groupes de travail réfléchissent actuellement à toutes les propositions qui seront soumises au CNOSF en septembre 2015 pour présenter ou non la candidature de Paris aux JO 2024. Rappelons que Keneo est l’agence référente du CNOSF en matière de conseil en candidatures et en événements sportifs. Emmanuelle Assmann, présidente du Comité Paralympique et Sportif Français, a rappelé que la France a un léger retard en matière d’accessibilité. Le sport favorise la miximité et le « mieux vivre ensemble ». C’est pourquoi les Jeux Olympiques serviraient d’accélérateur de développement. Jean Lévy, ambassadeur pour le sport rattaché au ministère des Affaires Etrangères, milite pour développer l’outil diplomatique qui permettrait à la France de mener jusqu’à la victoire une éventuelle candidature de Paris à l’organisation des Jeux Olympiques 2024. Le sport est bon pour la « soft power » c’est-à-dire la création d’influence sans passer par les supports habituels. Il ne serait bien évidemment pas négligeable de faire bonne figure lors des Jeux Olympiques en France. Cependant, l’essentiel repose dans l’attractivité du pays autour d’un tel événement ; il faut faire en sorte que les touristes viennent pour le spectacle sportif mais aussi pour profiter de la culture.
La recherche d’implication du mouvement sportif dans le projet JO
Le débat a été alimenté par la volonté de mobiliser tous les acteurs du monde sportif. Denis Masseglia, président du CNOSF, voudrait marquer un grand coup avec l’implication de 100% du mouvement sportif. Néanmoins, il est raisonnable de penser que la tâche apparaît difficilement réalisable. L’idée est pourtant venue de faire appel au financement participatif pour inciter la population à prendre un engagement dans cette possible candidature. Une opportunité à saisir ? Francis Parny, vice-président du Conseil Régional d’Ile-de-France en charge du sport et des loisirs, a été clair : « une candidature ne se décrète pas, elle se prépare ! ». Il rejoint les propos d’Anne Hidalgo, maire de Paris, dans l’idée qu’il faut prendre le temps de construire une candidature solide avant de la déclarer officiellement.
Une question majeure se pose : qu’est-ce qui empêche que 100% des Français soient pour l’organisation des JO ?
La réponse qui vient tout de suite de la part de la population est le coût de l’organisation. Il faut dépasser cette idée, les Jeux Olympiques sont principalement financés grâce au sponsoring et la billetterie. Par ailleurs, Paris dispose déjà d’équipements adaptés à la réception d’un tel événement. Aux USA, c’est presque une obligation nationale d’être candidat à l’organisation des JO. Donc voyons cela comme un investissement, cela rapporte plus que cela ne coûte ! Enfin, le projet « Grand Paris Express », dont le financement est trouvé, fera de la capitale française, dans les années 2020, la première métropole mondiale en termes de transports ! Un pass navigo unique sera mis en place, ce qui diminuera les dépenses pour les franciliens en banlieue de Paris.
Créons du bonheur, développons les territoires, et méritons d’organiser les Jeux Olympiques !
Jean-Paul Huchon, président du Conseil Régional d’Ile-de-France, a rappelé que la candidature « Paris 2012 » a échoué par manque d’ancrage du mouvement sportif dans le projet, malgré un dossier qui paraissait sans faille… Les JO sont utiles aux jeunes et aux territoires, il est donc indispensable d’être exigeant en matière d’excellence environnementale, d’accessibilité aux handicapés et d’engagement des entreprises françaises. L’ensemble des décideurs du projet « Paris 2024 » ont pris le recul nécessaire par rapport à la déconvenue de la candidature de 2012. Une réelle anticipation de la prochaine candidature est observée afin d’engager une procédure qui espère « rendre à la France ses valeurs de l’olympisme ». Le symbole du centenaire des JO parisiens de 1924 ne suffit pas, ce n’est pas un argument ; prenons l’exemple d’Athènes qui s’est vu refuser l’organisation des JO en 1996 alors qu’on fêtait les 100 ans des Jeux Olympiques de l’ère moderne… L’économiste du sport et maître de conférence à l’Université Paris-Sud, Dominique Charrier, a évoqué un triple inconvénient des Jeux Olympiques pour le pays organisateur : la nécessité de dépasser les valeurs et d’engager des politiques volontaristes, un impact diffus sur le territoire qui ne se mesure donc pas mais qui s’analyse avant, pendant et après, et enfin un impact à long terme. Nous devons être prêt à « accueillir le monde » pour bénéficier de la diversité des effets à vidée éducative et de la valorisation des territoires et des populations. La question des empreintes urbaines est à prendre en compte pour marquer la mémoire des Français. Denis Masseglia insiste sur le fait que nous devons prendre cette étude d’opportunités comme un investissement, et non une charge. Francis Parny, devant des représentants de fédérations et du CNDS, assure que tout le monde travaille pour répondre aux attentes du Comité International Olympique et à celles des citoyens. Pascal Florentin, directeur régional de la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, appelle à la patience. Respectons les étapes obligatoires afin de ne pas passer à côté d’un élément fondamental d’une potentielle candidature à l’organisation des JO 2024.
3 thèmes sont au centre des préoccupations des groupes de travail réfléchissant à la faisabilité du projet « Paris 2024 ». Premièrement, la quête d’enthousiasme, d’engouement, de confiance. Deuxièmement, l’utilité à l’économie française. Troisièmement, l’ambition, l’innovation et la responsabilité.