Ce mois-ci, le Rendez-Vous Sportif a décidé de mettre en lumière Muriel Hurtis, athlète désormais retraitée qui manque déjà au sprint français. Nous avons rencontré une championne toujours aussi souriante. Cette spécialiste du 200m sur piste nous parle de son après-carrière et de son jubilé qu’elle prépare activement.
Bonjour Muriel, merci d’avoir répondu favorablement à notre sollicitation. Évoquons votre carrière de sportive professionnelle. Quel fut votre moment le plus fort sur la piste ?
J’en retiens plusieurs. Mon premier titre important chez les jeunes, mon titre de championne du monde junior en 1998 où pour moi tout a vraiment commencé. Je retiens également mon titre de championne d’Europe en 2002, qui a aussi été un titre important. Il y en a plein en fait. Mon titre de championne du monde avec le relai 4*100m, ma médaille olympique avec le relai toujours, et puis la dernière médaille de cet été qui reste pour moi bien placée sur l’échelle car cela m’a permis de terminer ma carrière en beauté.
Quelle a été la chose la plus dure à accepter au quotidien en tant que sportive professionnelle ?
C’est vraiment la notion de souffrance à l’entraînement. Surtout sur ma fin de carrière où j’ai fait du 400m parce que cela reste une discipline très difficile où l’on sait qu’à l’entraînement, on va se faire mal. Et cela, vraiment, c’était très difficile sur les dernières années de se dire que l’on allait à l’entraînement pour avoir mal.
Quelle était alors la motivation pour surpasser cela ?
C’était l’objectif qu’il y avait au bout. C’était le championnat, c’était l’envie d’aller chercher un chrono. L’envie d’être performante en compétition faisait que l’on se surpassait et allait jusqu’au bout de l’effort.
Une fin en beauté pour vous avec une belle médaille d’or au relai 4*400m des championnats d’Europe 2014. Quelque chose en particulier vous a poussé à dire stop ?
Il n’y a pas vraiment eu de déclic. C’est vrai qu’en 2012 aussi, j’avais dit que j’arrêtais, le fait de voir l’âge monter, je ne suis plus toute jeune, j’ai arrêté j’avais 35 ans. Après les Jeux en 2012, je me suis dit que c’était peut-être le bon temps pour moi et puis personnellement, je ne le ressentais pas. Je voulais continuer car je pensais que j’avais encore des choses à faire. Et puis j’ai continué une année, c’était les championnats du monde à Moscou, et pareil, je ne l’ai pas non plus senti et j’avais mon entourage qui me disait : « Il ne faut pas que tu t’arrêtes, l’année prochaine c’est les championnats d’Europe, continue, on a besoin de toi ! » et du coup j’ai continué encore une année. Et là je me suis dit que c’était vraiment la dernière. Donc 2014, j’entame la saison en essayant de me qualifier aussi individuellement, je ne le fais pas, et je me consacre au relai car je suis lucide et je sais que mes chances seront sur le relai et pas en individuel. Je savais que cela allait être mon dernier championnat, je le ressentais vraiment, je ne connaissais pas le résultat, quoiqu’il arrive je n’allais pas continuer. Et puis il y a ce dénouement extraordinaire qui me permet de terminer ma carrière en beauté. J’ai pu vraiment la clôturer sans frustration et sans blessure donc là c’était le moment.
Cela fait maintenant 10 mois que vous vous êtes retirée de l’athlétisme professionnel, vous avez le sentiment d’avoir arrêté au bon moment ?
Je n’ai aucun regret, sur ma fin de carrière, c’était dur, le corps me le rappelait tout le temps. Et je crois qu’à 35 ans, il faut savoir s’arrêter quand il faut.
D’un point de vue sponsoring, quels sponsors vous ont soutenue tout au long de votre carrière ?
Durant ma carrière, j’ai eu le soutien de deux équipementiers ; Nike et Puma, où en plus des dotations, c’était vraiment des partenariats où j’étais rémunérée. Derrière, à partir de 31 ans, plus d’équipementier parce qu’avec l’âge qui monte, ils se sont tournés vers des jeunes, ils ne croyaient plus en moi. Au niveau des sponsors, j’ai eu Gaz de France, j’ai eu Afflelou, j’ai eu des montres Seiko, des dessous Eminence, c’est vrai que j’ai eu pas mal de partenaires.
Vous ont-ils suivi jusqu’à la fin de votre carrière ?
Non, sur les trois dernières années, je n’avais plus de sponsor.
Vous pensez donc qu’ils font davantage confiance aux jeunes ?
Plus aux jeunes oui, et il faut être performant.
Comment se traduit votre reconversion ?
J’avais repris des études en psychomotricité en septembre 2012, que je viens de terminer et donc j’ai mon diplôme de psychomotricienne. Cette année, j’ai commencé aussi à faire du coaching sportif. Donc là, j’interviens quatre fois par semaine dans une entreprise et sur des one shots dans d’autres endroits. Et la fédération m’a choisi comme ambassadrice et je fais pas mal d’actions pour eux, pour promouvoir l’athlétisme, pour être présente sur les événements. J’ai toujours aimé m’investir dans des associations donc c’est vrai que cela me fait de longues journées où je m’occupe bien. Ce qui me permet aussi de faire la transition, de ne pas cogiter, de ne pas rester chez moi et me dire : « Mince, à cette heure-là, j’étais à l’entraînement… ».
Vous aviez l’intention de ne pas quitter le milieu de l’athlétisme ?
Je n’ai pas envie de le quitter parce que j’ai évolué dans ce milieu, j’ai encore beaucoup d’affinités avec des athlètes et puis j’ai encore envie d’être là pour mon sport.
Parlons à présent de votre actualité : la Caraïbes Race ! Comment est venue l’idée de cet événement ?
A la base, l’idée est venue du fait que je suis très présente sur les courses sur route où je fais pas mal d’actions en tant que marraine. Et puis je trouve l’ambiance de ces courses vraiment sympa, conviviale, où quel que soit son niveau, on se retrouve sur un même lieu, un même départ, et le running se développe tout simplement. Et ce côté festif me plaisait, et je me suis dit avec une amie : « Pourquoi ne pas inclure une thématique très festive, agréable ? ». Donc c’est comme cela qu’est venue l’idée de créer une course avec la thématique des Caraïbes.
Cela a mûri et on s’est dit : « mais j’ai arrêté ma carrière, pourquoi ne pas fêter mon jubilé en même temps ? ». Et c’est ainsi que le projet de la Caraïbes Race, avec mon jubilé lors de la première édition, est né.
Qui vous accompagne dans cette organisation ?
Bien sûr, j’ai un soutien dans l’organisation de cet événement. J’ai une agence de communication qui est présente (4Success), j’ai une agence événementielle qui s’occupe de toute la logistique (Son Plus) et j’ai mon amie Katiana René, qui a eu cette idée avec moi, donc on essaie de mener ce projet tous ensemble à bien. Tout le monde a été charmé par le projet mais ce n’est pas simple car il y a beaucoup de choses à gérer, entre les sportifs, les partenaires, l’organisation de la journée, etc.
Donc le concept de l’événement est : des animations le samedi et on se retrouve pour la course le dimanche.
Voilà. Le samedi, vous trouverez des animations autour des Caraïbes, avec des groupes folkloriques, un défilé de mode, un concert, Claudia Tagbo qui va venir faire un hommage. Et il y a cette partie « Défie ton champion » avec la présence de champions qui s’affronteront amicalement sur un petit triathlon donc un saut, une course, un lancer. Ils se mettront aussi en équipe avec certains spectateurs afin de partager un bon moment.
A ce sujet-là, vous disposez d’un soutien de poids de nombreuses personnalités sportives mais aussi extra-sportives. Nous avons apprécié le contenu vidéo qui a permis de faire vivre cet événement en amont sur Facebook.
L’objectif était de réunir tous les sportifs que j’ai pu croiser durant de ma carrière, toutes les personnes que j’ai pu apprécier. La plupart ont répondu positivement à mon invitation, cependant tous n’ont pu se libérer mais c’est vrai que l’idée, c’est d’être avec des sportifs que j’apprécie et que j’ai pu connaître grâce à ma carrière sportive.
On sait que Claudia Tagbo vous dédiera un show humoristique. Qui sera également présent à vos côtés les 27 & 28 juin prochains ?
Au niveau des sportifs, il y aura Laura Flessel, Alain Bernard, Lucie Décosse, Amaury Leveaux, Jean-Marc Mormeck, Marie-José Pérec, Lilian Thuram, Emmanuel Petit, Christian Karembeu, ils seront nombreux.
L’animation « Défie ton champion » devrait donc bien vivre ! Quels sponsors vous font confiance sur cet événement ?
On a des sponsors en effet qui nous permettent de réaliser un bel événement ; Vita Coco, Mizuno, Puressentiel, la BRED, Running Heroes, AGS, les melons Philibon, Banane de Guadeloupe & de Martinique, etc.
Muriel, comme toute fin d’interview, nous aimons connaître le rendez-vous sportif qui t’a le plus marqué. Quel est le tien ?
Il y en a beaucoup. Et pas forcément dans l’athlétisme. Depuis deux ans, je regarde beaucoup d’autres sports. Le fait d’avoir côtoyé d’autres sportifs fait que je m’intéresse à toute l’équipe de France. Dernièrement, l’équipe de handball masculin m’a vraiment fait vibrer. Il y a aussi le basket masculin, après je suis un peu de tout …
Il est encore temps de s’inscrire ici à la première édition de cette Caraïbes Race pour fêter le jubilé de Muriel Hurtis. Dépaysement garanti !
Rendez-vous les samedi 27 & dimanche 28 juin au Bois de Vincennes, plus précisément au boulodrome Léo Lagrange, route des Fortifications. Le village d’animations caribéennes sera accessible le samedi de 10h à 20h et le départ de la course de 7km sera donné le dimanche à 10h.