Sport et business sont aujourd’hui régulièrement synonymes, notamment avec le football qui génère des sommes astronomiques, mais le rugby tient lui aussi une place importante.
Pour les clubs, mettre en place un équipement sportif de qualité représente un coût considérable. Afin de faire face à de telles dépenses, il s’impose à eux de proposer de la diversité en terme de spectacle, sportif ou non. En France, villes et constructeurs viennent à louer leurs enceintes sportives aux clubs à des prix relativement importants. Mais l’activité de ces infrastructures ne s’arrête pas aux rencontres du ou des clubs résidents puisque d’autres évènements peuvent s’y dérouler. C’est le cas par exemple pour le Top14 dont les demi-finales 2013 se sont jouées au Stade de la Beaujoire à Nantes et se dérouleront au Stade Pierre Mauroy cette année.
La délocalisation de ce genre d’évènement concerne les régions où le rugby fédéral n’est pas ou peu développé. Au premier abord, il est bon de délocaliser une activité pour sa médiatisation. Mais derrière ce nouvel engouement peuvent se cacher des aspects commerciaux en lien avec le développement de ce sport.
Afin de mieux comprendre l’allure commerciale de l’extra-territorialisation du rugby, voici quelques chiffres clés :
– Saison 2010 / 2011, les matchs décentralisés représentaient 30% de l’affluence annuelle.
– Saison 2011 / 2012, l’affluence moyenne du rugby était d’environ 13 000 personnes (top 14), celle de la délocalisation était de 33 000 personnes.
Des chiffres qui motivent les dirigeants à s’orienter vers ce genre d’évènement. Cela représente une niche financière « matchday » plus intéressante pour les clubs (pratique de prix d’appel) et une expérience de match, par le biais d’enceintes 2.0 avec un public connecté. De plus, déplacer un match dans une région où la population est plus importante (le bassin parisien, 25 millions d’habitants) que sur le territoire d’origine moins peuplé profite aux organisateurs. Cet événement va amener un nouveau public et déplacer davantage de spectateur. Ces raisons commerciales (billetterie et merchandising) favorisent le développement de ce genre de pratique.
H Cup : Racing Metro 92 – Saracens 12 janvier 2014 à la Beaujoire (Nantes)
En contre partie, le public en fait les frais, les fidèles supporters se voient obligés de faire de multiples déplacements pour encourager leur équipe. Le désir de faire un maximum de chiffre d’affaires peut aller à l’encontre de l’esprit du supporter.
Selon la typologie du sociologue Richard Guilianotti, «un supporter est un supporter de longue date, le club est sa deuxième famille, il vit à travers lui, il lui est fidèle, il ne le laisse jamais tomber».
Dans le rugby, le business commence à dominer la dimension sportive et laisse place au un sport spectacle. L’argent domine l’organisation du club au détriment des valeurs du public.