Rendez-vous avec Charlotte Konc, Responsable événementiel à l’INSEP

Pour ce mois d’octobre le rendez-vous sportif s’est rendu à l’INSEP, lors des troisièmes rencontres INSEP Ambition. Le thème du jour était “le sportif de haut niveau en entreprise : un recrutement comme un autre ?”. À cette occasion, nous avons rencontré Charlotte Konc, Responsable événementiel de l’INSEP.

  • Bonjour Charlotte, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour Fabien. Pour mon cursus universitaire j’ai fait l’ISCOM, une école de communication à Paris, dont 4 ans en communication globale des entreprises puis je me suis dirigée sur un Master 2 spécialisé en marketing du sport à l’ESC Toulouse. J’ai ensuite effectué mon stage de fin d’études chez Reebok puis j’ai été prolongé en CDD. Tout s’est très bien passé mais j’ai quand même voulu partir travailler à Londres pour ma première vraie expérience. J’ai alors occupé le poste de chef de projet sur de l’audit dans le sport durant 1 an au sein de la société NZ Consulting. Cette société fondée par Nathalie ZIMMERMANN est une entreprise française faisant référence dans le milieu du sport business à ce moment là. A la suite de cette expérience je suis rentrée en France et j’ai enchaîné sur un poste au sein de Reebok puis Adidas durant 2 ans. Chez Reebok j’ai été affecté au Trend Marketing, qui regroupe tous les aspects visibilité de la marque en magasin et événementiel. Puis, chez Adidas, j’ai été basculé sur la partie « Adidas Style », la partie fashion et original de la marque, où je gérait davantage la cible jeune avec la marque neo label destinée aux adolescents par le biais de célébrités et  d’ambassadeurs de cette marque nouvellement créée. A la fin de ces CDD, j’ai eu envie de davantage de stabilité et je suis alors arrivé à l’INSEP en mai 2011 sur le poste de chargé de développement et communication. J’enchaîne depuis les CDD puisque à l’INSEP ce sont des CDD contractuels de 1 an renouvelables. Depuis, mon poste a évolué vers une dimension marketing, événementiel et partenariat.

  • En quelques mots pouvez-vous nous présenter l’INSEP ?

Il faut savoir que l’INSEP est en partenariat public-privé depuis quelques années. Il y a donc des entreprises privées qui se sont mises ensemble pour donner de l’argent au Ministère des Sports afin de rénover l’INSEP. Depuis ce temps, l’INSEP doit rembourser un loyer auprès des investisseurs privés. De ce fait il est devenu impératif de développer les recettes annexes. Cela passe en premier lieu par l’événementiel et la réception de séminaires mais également par le développement des partenariats. Nos activités sont donc de recevoir les entreprises au sein de l’INSEP, à l’occasion d’événements internes et de séminaires. Nous avons également fait un gros travail sur l’image de marque de l’INSEP afin de monter en gamme et attirer un maximum de nouveaux partenaires. Cependant, nous nous assurons que ces partenariats soient en lien et en accord avec notre politique et notre stratégie de développement ; car quand les entreprises viennent à l’INSEP, elles veulent quelque chose qui correspond au milieu sportif. Le cadre est agréable et propre mais on n’est pas dans un palace et nous ne souhaitons pas l’être. On monte en gamme certes mais on ne se situe pas sur du haut de gamme et nos clients apprécient cela.

Pour vous donner quelques chiffres, sur la partie séminaire, on accueille en moyenne 130 séminaires par an, cela varie du petit séminaire de formation à de très gros événements de 3000 personnes. Nous nous efforçons de proposer des offres marketing en accord avec les besoins des entreprises, d’organiser un maximum d’événements tout en assurant un suivi administratif très prenant du fait de la lourdeur de l’administration française.

christophe guénot et les francais INSEP

  • Nous savons que l’INSEP a récemment conclu un partenariat avec L’EQUIPE, pouvez-vous nous expliquer le contexte de ce dernier ?

C’est un partenariat que l’on appelle évolutif, c’est-à-dire que les acteurs ont été suffisamment intelligents pour ne pas signer sur quelque chose de statique, décrivant avec précision les différents types d’obligations réciproques. Le but est de travailler ensemble pour que L’Équipe ait du contenu intéressant et cela nous apporte un gage important de qualité, car le fait de signer avec le média sportif de référence fait que beaucoup de monde est intéressé par notre projet. Cela nous apporte donc de la visibilité mais le gros du partenariat correspond à la visibilité qui est apportée aux sportifs de l’INSEP. Nos sportifs sont majoritairement sur des sports peu connus et sous médiatisés, le but est donc d’essayer de proposer à L’Équipe de suivre tel athlète ou tel sport, en préparation pour les Jeux Olympiques et ainsi faire des focus sur des personnes qui malgré leurs excellents résultats souffrent d’un manque de visibilité auprès du grand public. On veut également mettre en avant les sportifs par le biais de thèmes comme la recherche, le suivi médical et nutritionnel. On répond ainsi à leur demande de contenu médiatique et les sportifs profitent d’une couverture presse, télé et web. Le principe du partenariat évolutif est de travailler ensemble tout en s’apportant mutuellement des solutions dans un contexte d’échanges facilités.

  • Quels sont les autres partenaires de l’INSEP et leurs différents niveaux ?

Les partenaires principaux sont Lactel, Playstation et la Fondation FDJ qui est le partenaire historique du milieu sportif. La FDJ finance principalement des projets de formation pour que les sportifs puissent poursuivre leurs études. Lactel se situe davantage sur la partie recherche et Playstation est arrivé l’an dernier, on se situe également sur un partenariat évolutif car hormis les lounge équipé et habillé aux couleurs de la marque, il n’y a rien qui n’a vraiment été approfondi pour l’instant. Toutefois, pour 2016 et pour les Jeux Olympiques,  des activations devraient voir le jour. Concernant les partenaires mineures, nous avons le groupe Prévoir qui est une assurance et mutuelle mais également Gatorade qui se situe sur de la recherche de boissons énergisantes. Nous avons également beaucoup de fournisseurs officiels comme Eona spécialisé dans les produits de massage et de récupération musculaire, Rywan sur les chaussettes et d’autres marques qui sont davantage sur le médical et qui fournisse beaucoup de matériel et nous permettent de bénéficier de tarifs attractifs.

INSEP LEQUIPE

  • Malgré ces nombreux partenaires nous avons noté l’absence d’un équipementier, comment l’expliquez-vous ?

Nous travaillons actuellement beaucoup sur un futur équipementier. C’est assez compliqué car nous sommes dans un environnement particulier, l’INSEP est un site d’accueil de sportifs qui possèdent leurs propres sponsors, ces mêmes sportifs sont associés à des fédérations qui ont également des sponsors et qui sont elles-mêmes affiliées au CNOSF qui travaille avec d’autres sponsors. De notre côté, on ne peut donc absolument pas travailler sur l’image du sportif mais nous sommes quand même un lieu de passage et de prestige, d’où l’avantage pour un équipementier de s’engager aux côtés de l’INSEP.

  • L’INSEP est un organisme public mais on le sait l’Etat impose de nombreuses restrictions budgétaires, quel en est l’impact sur l’INSEP ? 

Le premier impact concerne la baisse des subventions qui s’accentue au fil des années, d’où l’intérêt et l’importance de développer ces recettes annexes, tout en gardant en tête l’idée de respecter la vie des sportifs. Car l’INSEP est avant tout un lieu d’accueil et d’entraînement pour les sportifs et également un cadre privilégié pour tout ce qui va à côté en termes de formation et de suivi médical. Nous tâchons également de développer les partenariats en travaillant sur l’image de l’INSEP. L’autre impact se traduit par des suppressions de postes dans le personnel encadrant. 

  • Quels types d’objectifs le Ministère des Sports vous impose-t-il ?

Sur les recettes annexes nous n’avons pas d’objectifs chiffrés. Selon la lettre de mission fournie au Directeur Général de l’INSEP, les objectifs sont sportifs, et il s’agit d’être dans le Top5 des nations mondiales aux Jeux Olympiques et dans le Top 10 pour les Jeux Paralympiques. Mais en termes chiffrés il n’y pas d’objectif qui nous soient assignés par le Ministère des Sports sur le développement. En revanche, nous en interne avec le Directeur Général et nos responsables il y a des objectifs de chiffre d’affaires annuel qui sont fixés.

Boris-Diaw-Tony-Parker-et-Rudy-Gobert INSEP

  • De nombreux sportifs de l’INSEP ne peuvent vivre de leurs seuls résultats sportifs, ils doivent alors trouver des sponsors. Quelles sont vos relations avec ces derniers ? Ne se trouvent-ils pas en concurrence avec les partenaires de l’INSEP ?

On a pas trop de difficultés à gérer cela car on est là avant tout pour accompagner le sportif. Notre but n’est donc pas de le bloquer. A titre d’exemple, cette semaine Optic 2000 est venu faire des photos de Trésor Gautier Makunda qui est un athlète handisport. Ce n’est pas notre partenaire mais nous n’avons pas d’équivalent de notre côté donc cela pose encore moins de soucis. On les laisse rentrer, même si toutefois, on facture de plus en plus ce type de prestations.

On ne va pas bloquer le sportif dans sa recherche de sponsors ou leur fidélisation, cependant, l’utilisation de l’INSEP pour un tournage ou un shooting engendre un coût donc on essaye de leur faire comprendre que l’on ne pas rentrer comme ça et faire ce que l’on veut à l’INSEP. On essaye donc de cadrer les choses et pour l’instant on a jamais eu de problème avec des gros sponsors d’athlètes qui seraient en total désaccord ou concurrence avec un de nos partenaires. Aussi, les contrats avec nos partenaires imposent une clause de non-concurrence. On ne va donc pas faire venir le concurrent de Playstation et même si celui-ci est le sponsor principal d’un des sportifs. Ou alors à aucun moment il ne faudra associer son image à celle de l’INSEP mais on ne préfère pas prendre le risque car aujourd’hui les images sont très vite détournées et il est facile d’associer une image à une autre sans notre consentement.

  • Question finale, à notre habitude, quel est le rendez-vous sportif qui vous a le plus marqué ?

J’ai été particulièrement enflammée lorsque j’ai été voir des Championnats d’Europe d’Athlétisme en salle, je ne sais plus quand, mais j’ai trouvé ça génial du fait de l’ambiance de folie lors des relais français. Et en règle générale je suis particulièrement les résultats de nos français de l’INSEP durant les Jeux Olympiques mais également les équipes de baskets car ils passent souvent ici donc cela créé une espèce de lien et de valeurs, qui n’existe pas forcément mais on se sent quand même plus proche d’eux que des footballeurs ou des rugbymans que nous n’approchons jamais.

Nous tenons à remercier Charlotte KONC pour sa disponibilité et son accueil au sein du temple du sport de haut niveau français mais également Aurélie HARROUET, Chargé de Développement et Partenariats, qui nous a convié aux rencontres INSEP Ambition. Toute l’équipe du rdvsportif souhaite le meilleur à l’INSEP et à ses athlètes dans les mois à venir. Rendez-vous à RIO 2016 !