Après le PlexiCushion de l’Open d’Australie en janvier et la terre battue de Roland Garros il y a tout juste un mois, c’est sur le gazon de Wimbledon que les meilleurs joueurs de tennis de la planète se sont donnés rendez-vous. Le troisième tournoi du Grand Chelem de la saison, organisé depuis 1877 par le All England Lawn Tennis and Croquet Club, est sans aucun doute le plus prestigieux du calendrier de l’ATP et les spécificités qui l’accompagnent renforcent la notoriété de ce temple du tennis.
Pour être un tournoi mythique, il faut des traditions qui perdurent, et de ce point de vue là, celui de Wimbledon n’en manque pas. Des Strawberries & Cream consommées par les spectateurs durant la quinzaine à la fameuse The Queue, en passant par les pique-niques sur Henman Hill ou le Bal des Champions, tout est bon pour entretenir cette image. Mais ce qui fait surtout la renommée de ce tournoi, ce sont les tenues blanches que doivent porter les joueurs. Un all-white dress code entre tradition, rébellion et anecdotes.
Bien que le tournoi de Wimbledon entretienne l’image d’un sport conservateur, le tennis a parfaitement su s’adapter aux évolutions de la mode. Parmi les pionniers de ces changements, on peut notamment citer May Sutton (1905), Bunny Austin (1933), Ann White (1985) et plus récemment André Agassi ou les sœurs Williams.
Il faut cependant savoir apprécier les subtilités de la langue de Shakespeare pour comprendre l’évolution du règlement. En effet, c’est en 1963 qu’apparait la règle d’une tenue obligatoire «predominantly in white » qui se transformera en 1995 en « almost entirely in white ». Avec une telle définition, la frontière entre le respect de la tradition et la rébellion est assez étroite, et certains joueurs en ont profité ou en ont fait les frais.
Pendant longtemps, on a associé l’absence d’André Agassi au tournoi entre 1988 et 1990 à une forme de protestation de celui qui était plutôt un fidèle des shorts en jean et des cuissards rose. Chose démentie quelques années plus tard dans son autobiographie. Et que dire de l’extravagante Bethanie Mattek-Sands qui s’est présentée à l’édition 2013, en tenue blanche certes, mais avec les cheveux vert et bleu, histoire de contredire l’image traditionnelle et bourgeoise de Wimbledon.
Quant à Tatiana Golovin en 2007 et Roger Federer en 2013, ils se sont laissé aller à quelques touches de couleur très subtiles, de manière à jouer avec le règlement. Pour la joueuse française, c’est un shorty rouge sous une robe blanche qui a ouvert les débats entre les officiels du tournoi qui lui ont finalement autorisé l’accès au court, le règlement ne se positionnant pas sur les couleurs des sous-vêtements. D’ailleurs, Maria Sharapova et Serena Williams n’ont pas hésité à renouveler l’expérience pour jouer une fois encore avec les nerfs des arbitres. Pour le septuple vainqueur du tournoi Roger Federer, ce sont des semelles orange sur des chaussures blanches qui ont créé la polémique avant que le joueur suisse ne rectifie le tir au second tour.
Et des exemples, il en existe d’autres. Ce ne sont pas Andy Murray, dont la casquette légèrement bleue a fait l’objet d’une validation de dernière minute en 2006, ou Radek Stepanek, contraint de changer ses chaussures trop colorées en 2012, qui diront le contraire.